Nerval - Sylvie
Nerval - Sylvie
Gérard de Nerval - 1808-1855
Gérard de Nerval n'obtint pas de son vivant l'auréole du génie qu'on
attache aujourd'hui à ce « lucide rêveur » : pourtant, bien avant Proust et les surréalistes, il poussa les portes du songe et de la mémoire et fit de l'écriture un irremplaçable moyen d'exploration de l'Inconnu. Dangereux voyage où il risqua sa raison et sa vie.
La ronde de l'enfance
Né à Paris le 22 mai 1808, Gérard Labrunie conservera tout au long de
son existence la nostalgie inquiète de son enfance. Il ne connaîtra pas sa mère, Marie-Antoinette, emportée par la fièvre, en Allemagne où elle a suivi son mari, médecin militaire de la Grande Armée. « Je n'ai jamais vu ma mère, ses portraits ont été perdus ou volés... » Ce visage dérobé, Nerval en cherchera les traits dans celui des femmes de sa vie et de ses rêves.
Il est élevé dans le Valois où son grand-père cultivait quelques arpents
de terre, ce « clos de Nerval » dont il prendra le nom. Images, souvenirs,
sensations, frémissements du coeur : c'est autour du château de Mortefontaine et de la forêt d'Ermenonville que se dessine le décor de l'oeuvre et qu'apparaissent les premières « Filles du Feu » : Adrienne ou Sylvie. Son père veut faire de Gérard un médecin, mais le jeune homme préfère se retirer dans « la tour d'ivoire des poètes » pour fuir une époque sans gloire et sans ambition où la jeunesse ne se nourrit que d'« enthousiasmes vagues et d'espoirs incertains ».
L'esprit errant
A vingt ans, Nerval se fait un nom en donnant une traduction du Faust
de Goethe qui lui vaut les félicitations de l'écrivain allemand.
C'est l'heure des grandes batailles romantiques. Nerval assiste à la
première d'Hernani, le 25 février 1830. Avec ses amis Gautier et Petrus Borel, il fait partie des « Jeune France » et du petit « Cénacle » de Victor Hugo.
C'est au théâtre, en 1834, qu'il voit pour la première fois Jenny Colon,
une actrice, dont la rencontre va bouleverser son existence. Émerveillé par l'apparition de cette comédienne qui « rend la vie d'un souffle et d'un mot » à l'univers qui l'entoure, il rêve en elle toutes les femmes entrevues, désirées, évanouies.
Cette passion, qui connaît peut-être, un temps, quelques satisfactions, et qui semble s'éteindre lorsque Jenny épouse en 1838 un flûtiste de l'Opéra-Comique, sera comme une braise mal consumée dont l'éclat, ressurgi, illuminera de sa flamme inquiète l'oeuvre postérieure de Nerval.
Entre 1834 et 1840, il visite l'Italie, la Belgique, l'Allemagne, l'Autriche,
où il est reçu comme le digne représentant de la culture française. Il rencontre des êtres exceptionnels, des écrivains, des artistes comme la grande pianiste Marie Pleyel qui lui inspirera La Pandora.
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