Le mythe antique dans le théâtre du XXe siècle

Le mythe antique dans le théâtre du XXe siècle
Le mythe : une définition délicate
Une fable et un récit fondateur
Le mot mythe vient du grec mythos qui signifie « la fable ». Ainsi, dans sa première acception, le mythe désigne un récit à caractère légendaire qui est commun à un peuple, à une civilisation. Michel Tournier le définit d'ailleurs comme « une histoire que tout le monde connaît déjà ». On notera également le caractère presque immémorial de bien des mythes, perçus comme autant de récits transmis depuis des temps très reculés par plusieurs générations.
Aux yeux des civilisations archaïques, le mythe est « une histoire vraie qui s'est passée au commencement des temps et qui sert de modèle aux comportements des humains », comme le note Mircea Eliade. Cette histoire peut être celle d'un personnage dont les actes sont glorifiés, amplifiés par l'épopée héroïque, au point de rendre indiscernables la part de la vérité historique et celle de la légende.
Un récit symbolique didactique et énigmatique
Ce caractère de récit fondateur explique l'importance des mythes dans l'histoire des hommes, pour qui il a double valeur : symbolique et didactique. Pour Denis de Rougemont, « un mythe est une histoire, une fable symbolique, simple et frappante ». On ne s'étonnera donc pas de l'utilisation qu'en ont faite les poètes et les philosophes, puisant aux histoires de Thésée, d'Œdipe ou de Prométhée. A travers ces récits épiques ou tragiques s'exprime une vision de l'univers autant qu'une interrogation sur l'homme. Le rocher de Sisyphe, le foie déchiré de Prométhée, le labyrinthe de Thésée, les travaux d'Hercule racontent des histoires à la fois transparentes et opaques.
En effet, au mythe sont associées l'expression et la traduction, sous une forme symbolique, de forces ou de pulsions diverses, représentatives de la condition humaine. Le mythe livre donc une leçon dont on peut tirer un enseignement et reste de caractère énigmatique.
Du mythos au logos
Le mythe apparaît ainsi comme une forme primitive de la littérature, véhiculée par la tradition orale et donc susceptible de connaître plusieurs variantes, voire plusieurs versions. En outre, n'étant prisonnier d'aucune structure, ni d'aucun cadre rigide, le mythe peut accueillir de multiples expressions, de multiples conte-nus, revêtir une multitude de significations, des plus simples aux plus complexes.
Parole primitive, soumise à l'irrationnel, le mythos se distingue traditionnellement du logos, le discours organisé qui obéit au rationnel. On peut cependant considérer que la plupart des oeuvres d'art qui ont exploité les mythes antiques puisent autant au mythos qu'au logos, tant leurs lectures sont complémentaires. La philosophie, la poésie ou le théâtre du XXe siècle en fournissent des exemples et des illustrations éloquents.
Une renaissance et un engouement
Le retour à l'Antiquité
Au début du vingtième siècle, on assiste à une véritable renaissance de la mythologie gréco-latine, due à un retour à l'Antiquité, que les romantiques avaient boudée, sinon rejetée, comme ils avaient eu le souci de rejeter l'esthétique classique. Seuls les mythes bibliques avaient trouvé grâce à leurs yeux : Lamartine ou Hugo avaient puisé à une source d'inspiration particulièrement riche en grands épisodes et en grandes figures qu'on pouvait aussi bien situer dans la légende que dans l'Histoire. Le premier mouvement de réaction se dessina dès la fin du XIXe siècle lorsque les Parnassiens (Heredia et Régnier en particulier) et les symbolistes (Les Moralités légendaires de Laforgue en 1887 ; Le Traité du Narcisse de Gide en 1891) choisirent de revenir aux sources antiques.