LE MARIAGE DE FIGARO « Je sais God-dam » Scène 5
LE MARIAGE DE FIGARO « Je sais God-dam » Scène 5
LE MARIAGE DE FIGARO « Je sais God-dam » Scène 5
Lecture méthodique
Présentation du texte
La scène 5 de l'acte III, dont on n'a ici qu'un extrait, est tout à fait représentative de la tonalité des relations entre Figaro et le Comte. La complicité active qui les rapprochait dans Le Barbier de Séville autour du projet commun de faire échouer les plans de Bartholo s'est transformée, par suite des circonstances, en rivalité à propos de Suzanne. Cette relation de compétition, qui les met sur le même plan, à cela près que Figaro est aimé de Suzanne, mais que le Comte a pour lui la supériorité de sa position sociale, donne à la pièce tantôt une certaine âpreté, tantôt un brillant, dû à l'insolence spirituelle de Figaro.
L'intrigue de la pièce étant construite sur un jeu répété de quiproquos, chacun se demande ce que sait l'autre, ou ce que savent les autres, et le chassé-croisé des personnages rend la situation très complexe : langage à double sens, enquêtes subtiles des uns et des autres, tactique qui consiste à prêcher le faux pour savoir un « vrai » dont on n'est jamais très sûr. Dans ce mélange de vrai et de faux, le spectateur est souvent en position privilégiée : il sait ce que les personnages ignorent. Cela lui permet d'être plus que simple témoin, il devient complice.
C'est en particulier ce qui se passe ici : cherchant à savoir ce que sait Figaro, le Comte croit le sonder habilement, mais se heurte à une « défense » serrée. La scène se transforme en combat verbal qui permet à Figaro de faire une démonstration de sa virtuosité. L'avantage du combat n'est pas du côté de la supériorité sociale et la preuve en est donnée, non seulement par l'évolution de la scène mais par son issue : le Comte ne parvient pas à obtenir de réponse sûre à la question qu'il se pose : Figaro est-il ou non au courant de ses visées sur Suzanne ?
La scène évolue en trois grandes étapes dont les articulations sont marquées par des apartés qui permettent aux deux combattants de « souffler » un peu et de faire le point : bilan de ce qui vient de se passer et stratégie pour la suite. On remarque également, à deux moments, de véritables morceaux de bravoure, la tirade du « God-dam », et celle de la politique. L'une est une caricature, l'autre une analyse critique. Elles sont l'une et l'autre brillantes mais rappellent aussi que Figaro n'est pas seulement un beau parleur : il est (à l'égal de son créateur) un observateur attentif et critique de la nature humaine et des institutions sociales.
La lecture méthodique du texte s'attachera aux différents aspects du combat verbal qui oppose les deux personnages, mais traitera de manière plus rapide les éléments de la critique faite par Figaro et les relations maître/valet.
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