AFRIQUE NOIRE : La déroute du système bancaire dans les années 1990

Le système bancaire africain est malade. Depuis 1987, la crise qui frappe les banques des pays de la zone subsaharienne est si aiguë que la restructuration des institutions bancaires est devenue, au même titre que le problème de la dette et que la chute des cours des matières premières, une priorité en Afrique noire, particulièrement dans les pays de la zone franc. La conjonction d'un environnement international défavorable, de choix politiques inadaptés aux problèmes posés et d'erreurs de gestion flagrantes ont mis à mal la plupart des institutions bancaires de la zone franc. Sur les quelque quatre-vingt-dix banques existantes dans l'U.M.O.A. (Union monétaire de l'Ouest-africain) et dans l'U.M.A.C. (Union monétaire d'Afrique centrale) — la quasi-totalité d'entre elles étant des filiales des grandes banques françaises —, vingt-neuf sont en difficulté, dont seize en faillite. L'U.M.O.A. et l'U.M.A.C. constituent la composante africaine de la zone franc. L'U.M.O.A. comprend le Sénégal, la Côte-d'Ivoire, le Togo, le Bénin, le Burkino-Faso, le Niger et le Mali. L'U.M.A.C. regroupe le Tchad, la République centrafricaine, le Cameroun, la Guinée équatoriale, le Gabon et le Congo. Toutes les banques de développement (dont les capitaux sont à 100 p. 100 publics) sont en faillite totale, à l'exception de celle du Gabon. En Côte-d'Ivoire, au Sénégal, au Bénin, elles ont été liquidées ; seul le Mali a pu sauver la sienne de justesse. En Afrique centrale (zone de l'U.M.A.C.) en particulier, de nombreuses banques commerciales sont en très mauvaise situation. Au Bénin, par exemple, la seule banque est si malade que le pays s'est retrouvé depuis cinq ans sans véritable banque (hormis la Rasmalbank, simple guichet pour les virements). Le Sénégal a dû accepter la fermeture de cinq de ses vingt-deux établissements bancaires, tandis que le Cameroun, véritable îlot de prospérité jusqu'en 1982, était à son tour touché par la crise en 1987.